En contribuant au rapprochement des générations et en favorisant le maintien des aînés à domicile, la cohabitation intergénérationnelle apporte une réponse adaptée face au vieillissement de la population, tout en soutenant les aidants familiaux et en permettant aux étudiants de sortir de la précarité.
Estelle de Saint-Bon, Directrice générale d’Ensemble2générations, partage avec nous son expérience et nous en dit plus sur les atouts du logement intergénérationnel solidaire entre jeunes et personnes âgées.
A qui s’adresse la cohabitation intergénérationnelle ? Quels sont les avantages de cette solution ?
D’abord bien évidemment les seniors, pour eux l’avantage est d’avoir une présence au quotidien qui permet de lutter contre la solitude, la dénutrition par des repas partagés, et aussi de lutter contre la fracture numérique. Nos études internes montrent que la cohabitation intergénérationnelle permet le maintien à domicile de la personne âgée, plus de 3 ans.
Ce rapprochement des générations, facilite aussi l’accès des jeunes au logement et permet de lutter contre la précarité. A savoir, en France 67% des étudiants font leurs études en dehors du domicile familiale et peu d’entre eux ont les moyens de payer le prix d’un loyer. Dans le même temps, cette présence auprès d’une personne âgée est une source de bonheur pour le jeune qui se sent ainsi utile. Ce qui était encore plus vrai pendant les périodes de confinement à cause du Covid.
Pour les familles aidantes, la présence d’un jeune au quotidien est rassurante.
En outre, l’impact sociétal du logement intergénérationnel s’avère très positif sur l’empreinte écologique avec le partage des surfaces habitées et des équipements. Il contribue aussi à réduire les dépenses des collectivités et des organismes publiques.
Plus qu’un toit, en quoi le logement intergénérationnel contribue-t-il au mieux vivre ensemble ?
C’est un pont entre générations. Chaque jour nous recevons des témoignages en ce sens de la part des seniors et des étudiants qui nous disent à quel point tout cela est riche, que chaque génération peut apporter à l’autre beaucoup ! Jean d’Ormesson à qui on posait la question « Qu’est-ce que vous conseilleriez à un jeune ? » et lui de répondre « de vivre avec une personne âgée ! ». Et c’est ce que permet la cohabitation intergénérationnelle.
Pour favoriser une cohabitation épanouissante et stimulante pour les seniors et les jeunes, on fait un matching entre le senior et le jeune, ensuite c’est eux qui écrivent leur histoire ! On prend en compte les passions de chacun, par exemple on va mettre un étudiant au conservatoire de musique chez une personne qui a eu une carrière de pianiste ou de violoniste. Grâce à cet accompagnement humain, nous nous félicitons de 93% de réussite suite au questionnaire de satisfaction que nous faisons à la fin de la période de cohabitation du binôme.
Les belles histoires de cohabitation intergénérationnelle sont nombreuses ! Récemment on a appelé une seniore pour savoir comment ça se passait, elle nous a répondus « Nous avons réussi ! ». La chargée de mission de E2G lui a demandé « qu’avez-vous réussi ? », « Nous avons réussi nos études de médecine ! ». En fait, la seniore s’était totalement identifiée aux études de médecine de l’étudiante.
Au regard des enjeux démographiques du pays, quelles sont selon vous les mesures à prendre par les pouvoirs publics pour promouvoir et mieux encadrer le logement intergénérationnel ?
Face au défi du vieillissement de la société, la cohabitation intergénérationnelle est une réponse adaptée. A l’horizon 2050 nous aurons doublé le nombre des personnes de plus de 75 an en France, donc il est urgent, nécessaire et indispensable que les pouvoirs publics trouvent des solutions pour toute cette population senior qui va arriver.
La cohabitation intergénérationnelle a besoin d’un coup de pouce de l’état. On a d’abord besoin d’être labellisé afin de garantir un cadre sécurisé aux parties prenantes.
Le dispositif de cohabitation intergénérationnelle doit aussi être identifié comme un outil indispensable au « parcours senior ».
Nous avons aussi besoin de faire évoluer la loi Elan de 2018 en la complétant.
C’est pourquoi E2G invite les parlementaires à se saisir du texte de proposition de loi sur le « Bien vieillir » et de l’enrichir pour engager la transformation attendue.