La mutuelle Intégrance est partenaire du programme d’experts d’usages de Paralysie Cérébrale France.

Julia Boivin, Cheffe de projet de l’Académie des experts d’usages qui a pour objet de former des personnes en établissement médico-sociaux à intervenir auprès des futurs travailleurs sociaux dans les organismes de formation, nous en dit plus sur cette initiative innovante.

Comment est né le projet de programme d’experts d’usages de Paralysie Cérébrale France ?

Je suis consultante et formatrice autour du concept d’autodétermination, de la pair-aidance, du pouvoir d’agir des personnes en situation de handicap.

Ce programme est né de ma propre expérience. Quand j’ai commencé à intervenir dans les établissements, j’étais souvent sollicitée pour intervenir auprès des étudiants en formation. Ne vivant pas moi-même dans ces structures, je considère que les personnes handicapées résidant en établissement sont plus légitimes pour saisir cet espace de parole.

Avec mon expertise sur les sujets d’autodétermination et de la pair-aidance, je peux les accompagner dans cette démarche pour les aider à transformer un témoignage qui n’est que la narration de son parcours de vie de la naissance à aujourd’hui (parfois un peu « pathos », pour aller vers un témoignage que j’appelle « outillé ». 

Le projet s’inspire aussi d’une rencontre avec une personne accompagnée par une association médico-sociale, après une de mes premières interventions, qui est venue me dire « merci de porter cette parole car nous on ne montera jamais sur scène ». J’ai pensé que je ne pouvais pas être la seule. J’ai alors monté un projet que j’ai présenté à Paralysie Cérébrale France. 

Après la 1ère cérémonie de remise des diplômes de la première promotion du programme d’experts d’usages, quel bilan faites-vous ? ?

On est dans la 3ème année du programme d’experts d’usages initié par Paralysie Cérébrale France. A date, 24 personnes ont été formées. 


Avec ce diplôme les personnes formées nous disent que ça a changé pour elles. Elles se sentent écoutées et légitimées dans leur prise de parole. Elles ont gagné en confiance de soi, en estime de soi. Elles osent plus dire les choses ! Pour elles c’est une reconnaissance de leur parcours et de leur savoir issu de leur expérience. Le bilan est très positif !

Aujourd’hui, quelles sont les perspectives du programme d’experts d’usages ? Les axes de développement ?

On est sur l’année finale. On va engager un travail d’analyse avec une commission d’évaluation. On s’est dit qu’on ne pouvait pas en rester là.

On est en train d’imaginer quelque chose de nouveau pour 2025 avec la modélisation d’un dispositif qui serait pérenne avec un réseau national d’experts d’usages. L’idée est de mettre en place une académie pour accompagner d’autres associations pour valoriser l’expertise d’usages, former à terme des formateurs d’experts d’usages. Peut-être aussi accompagner des écoles de formation dans leur programme de formation pour éviter que l’intervention des experts d’usages ne soient cantonnée que sur des temps donnés comme la semaine du handicap ou des évènements ciblés handicap. 


On réfléchit aussi sur la question de la rémunération des experts d’usages car aujourd’hui ils ne peuvent pas être rémunérés au risque de perdre leur allocation d’adulte handicapé. On veut vraiment porter ce sujet et avancer pour trouver des solutions car ces personnes montent en compétence. Elles mobilisent de l’énergie, des ressources Et ce n’est pas rien !