Née de la mobilisation de parents engagés au sein du Mouvement de l’Unapei, la mutuelle Intégrance agit au quotidien pour favoriser l’égalité citoyenne en matière d’accès aux soins et garantir aux personnes handicapées un parcours de santé de qualité.

Luc Gateau, Président de l’Unapei, revient sur les difficultés d’accès aux soins rencontrées par les personnes porteuses d’un handicap intellectuel et propose des solutions pour y remédier. 

Quelles sont les difficultés rencontrées par les personnes déficientes intellectuelles pour l’accès aux soins médicaux ?

Elles sont diverses. C’est d’abord, l’absence de personnel formé qui va pouvoir prendre le temps d’accueillir ce public spécifique. Aujourd’hui on a du mal à trouver des personnels de santé formés au handicap. Les spécialistes ou même les médecins traitants manquent de temps. Or une personne porteuse de handicap mental a besoin de temps pour pouvoir mieux appréhender la situation de soin. 
De plus, les hôpitaux ne sont pas toujours adaptés à l’accueil des personnes handicapées. S’il existe au sein de certains centres hospitaliers des consultations dédiées handicap qui disposent de personnel soignant en mesure de prendre du temps avec les patients en situation de handicap et aussi en capacité de leur apporter tous les soins dans de bonnes conditions, ces pôles médicaux ne sont pas suffisamment nombreux. 

Quelles sont les actions sur le terrain initiées par l’Unapei pour la santé ?

Nous avons développé des collaborations avec le milieu hospitalier pour mieux faire connaître les spécificités du handicap et améliorer la connaissance des professionnels de santé sur les troubles du neurodéveloppement. 
En effet, nous avons fait le constat que le secteur hospitalier, tout comme le secteur de la santé en règle générale, manque d’information sur ces problématiques. Nous avons aussi constaté que les solutions adaptées pour faciliter l’accès aux soins sont insuffisantes.
Cet accès ne se limite pas à l’accessibilité physique, l’enjeu est aussi d’avoir un cadre tranquillisant pour la personne handicapée. Par exemple chez le dentiste, 9 fois sur 10 la personne avec une déficience intellectuelle se sent perdue et angoissée. Elle a besoin d’être hypersécurisée. C’est pourquoi, nous avons mis en place des lieux spécifiques avec des équipements adaptés pour qu’elle se sente rassurée lorsqu’elle s’installe dans le fauteuil dentaire et qu’elle a la lumière d’examen qui vient sur elle. 
Pour sensibiliser les personnes avec une déficience intellectuelle aux questions de santé, nous avons également travaillé sur l’accès à l’information visuelle. Nous avons par exemple relayé une bande dessinée qui montre avec des images comment va se dérouler la consultation chez le dentiste. 

L’accès aux soins des personnes handicapées est souvent compliqué. Quelles sont les préconisations portées par l’Unapei pour rétablir l’égalité citoyenne en matière d’accès aux soins et garantir aux personnes handicapées un accès à la santé de qualité ?

L’un des enjeux majeurs, c’est la connaissance de l’ensemble des spécificités des champs de handicap que nous traitons. Notre spectre d’activité englobe tous les handicaps inclus dans les troubles du neuro-développement : autisme, trouble du développement intellectuel, TDAH, troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA ou « troubles Dys »). Mais aussi le polyhandicap ainsi que le handicap psychique. Pour chacun de ces handicaps, la prise en charge nécessite des adaptations spécifiques.
C’est pourquoi, nous avons besoin d’avancer dans les connaissances des spécificités de ces handicaps pour avoir de nouvelles pistes pour élaborer un accompagnement mieux adapté aux besoins de chacun.