Pour Maxime PEREZ- ZITVOGEL co-fondateur de La Maison Perchée, il est indispensable de se mobiliser ensemble pour lutter contre la stigmatisation, de favoriser un diagnostic précoce et d’améliorer l’accès à une prise en charge. Avec lui, poussons les portes de La Maison Perchée et prenons de la hauteur pour mieux comprendre les enjeux de la santé mentale.
 

Comment est née La Maison Perchée ? A quel besoin répond t-elle ?

Les fondations de la Maison Perchée reposent sur mon histoire personnelle. En 2015, j’ai été diagnostiqué bipolaire. Dès lors, j’ai eu envie et je me suis rendu compte de la nécessité de créer une association pour les jeunes de 18 à 40 ans concernés par un trouble psychique. A la sortie de mon hospitalisation en psychiatrie, je me suis demandé ce qu’il existait comme accompagnement qui ne soit pas médicalisé et basé sur la pair-aidance que j’avais découverte pendant mon séjour à l’hôpital. 
La pair-aidance repose sur l’entraide entre personnes avec un vécu similaire. Et avec cette logique de « je ne suis pas ton psy, je ne suis pas ta famille, je ne suis pas ton pote. Mais je te comprends ».
L’idée était de créer un lieu où les personnes avec un trouble psy pourraient se retrouver hors les murs de l’hôpital et se sentir moins seul pour avancer et échanger ensemble. Parce qu’on a le droit de vivre et pas juste de survivre.  
 

Ces dernières années, la santé mentale est devenue un sujet de société qui n’est plus tabou. Est-ce que cette prise de conscience a eu un impact concret ?

En tant que personne concernée, je constate que certes la parole s’est libérée mais on manque toujours cruellement de médecins en psychiatrie, les délais d’attente pour une visite en pédopsychiatrie avoisine les 2 ans et l’accompagnement des proches n’évolue pas. Avec La Maison Perchée, on est fier d’avoir réussi à combler un vide mais aujourd’hui on est débordé par les demandes et épuisé par l’ampleur de la tâche. 
Cette année la santé mentale est à l’honneur et elle a été désignée Grande Cause nationale. C’est bien de parler de santé mentale mais les mots doivent être suivis d’actes. Ce ne doit pas être qu’un coup de comm et des effets d’annonce car les besoins et les attentes des personnes concernées sont trop importants. Certes c’est mieux mais il y a encore tellement de choses à faire. On ne doit pas rater le train ! 
 

Début juillet, vous avez rencontré le Président de la République Emmanuel Macron. Quelles actions de prévention lui avez-vous présenté pour une meilleure prise en charge des troubles psychiques chez les jeunes ?

Des solutions existent pour gagner du temps dans le diagnostic et le plus important pour sauver des vies.
La santé mentale est un sujet de société qui est l’affaire de tous. Tout le monde devrait savoir ce qu’est un trouble bipolaire, un trouble schizophrène, un trouble borderline, surtout quand 13 millions de personnes en France sont concernées par des troubles psy. En Australie, par exemple, il existe des cours d’empathie proposés aux élèves de primaire.  
Après 8 années passées au cœur du réacteur au sein de la Maison Perchée, je pense qu’il est prioritaire pour relever les défis des enjeux de la santé mentale, d’augmenter le nombre des professionnels de santé et de mieux structurer le parcours de soins pour permettre une meilleure orientation des patients. 
Il est important de prendre de vraies mesures pour faire bouger les lignes car il est inadmissible en France, en 2025, que des personnes se suicident parce qu’elles se sentaient incomprises. En Asie, on dit qu’on juge une société à comment elle traite ses anciens, ses jeunes, ses bébés et ses fous.

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