La campagne de rappel vaccinal contre la Covid-19 pour les publics âgés et fragiles a été lancée. En ce début d’automne, la décrue de l’épidémie laisse espérer un retour à la vie presque normale. Les résidents et les professionnels de santé de l’établissement "Le Divit" de Ploemeur dans le Morbihan (56), reprennent leurs habitudes après leur combat contre le virus. Géré par l’Association Jean Lachenaud, cet établissement propose à tous mais aussi aux militaires, anciens militaires, personnels civils de la défense et leurs familles qui le nécessitent, un accompagnement et des soins adaptés à leur situation. Le docteur Thierry Courtet, Médecin Chef, Directeur médical, de cette institution, lui-même ancien militaire, revient avec nous sur la bataille livrée contre la Covid pour protéger et sécuriser les résidents et les soignants dans un moment de questionnement et d’incertitude.
Votre expérience de « médecine en opérations extérieures », votre sens de la logistique vous ont-t-ils été utiles dans ce contexte de crise sanitaire ?
Oui, l’avantage de l’expérience militaire, c’est en situation de crise de pouvoir proposer rapidement différentes options et solutions, même dégradées. On sait avancer des solutions tenables, les tenir et les déployer, à la fois en termes de management d’équipe et d’organisation matérielle. Notre expérience en médecine de catastrophe nous a également aidé à gérer et faire face à cette situation inédite.
Dès le début de la pandémie, on a très vite su réagir et proposer des réponses aux équipes soignantes. Nous avons mené une réflexion tant sur l’organisation dans l’espace concernant les chambres et le matériel à mettre en place, que sur le management des professionnels et la prise en charge des patients mais aussi des limites qu’on pouvait avoir et se donner.
Tout au long de cette période troublée, on a travaillé en collaboration avec le secteur hospitalier public et privé. On s’est tous retroussés les manches et serrés les coudes pour faire front contre le virus ! Les acteurs civils de santé ont reconnu notre expertise et notre savoir-faire.
Ces derniers mois avez-vous constaté un recul des hospitalisations hors Covid et un retard dans la prise en charge des autres pathologies ?
C’est plutôt la chirurgie froide, c’est-à-dire la chirurgie programmée qui a été reportée plus particulièrement au cours du premier épisode de la crise sanitaire. Il y a eu également des retards sur la partie chirurgie oncologique. Puis la situation s’est fluidifiée avant de connaître un coup de frein. Il y a eu des patients qui ne voulaient pas venir à l’hôpital de peur de la Covid.
Afin d’assurer la continuité des soins dans ce contexte, on a mis en place des mesures de protection pour les patients, les résidents, les professionnels, des ouvertures et fermetures aux visites. On a ajusté au mieux les solutions qui ont pu être proposées aux uns et aux autres. Depuis le début de la pandémie, on a essayé d’avoir un plan d’action jouable et réalisable pour tous !
Après plus de 18 mois de crise sanitaire, quel bilan faites-vous ? Quels sont les enseignements pour l’avenir ?
Dans cette lutte contre le virus de la Covid-19, j’ai été agréablement surpris, même si je n’en doutais pas, de l’implication de tous les professionnels de l’établissement quel que soit leur statut (santé, administratif, autre …). Les équipes se sont investies pleinement. Elles ont jeté toutes leurs forces dans la bataille.
Les professionnels ont été réactifs en adaptant leurs réflexes pour d’autres pathologies à une situation qu’on découvrait au jour le jour. Ils ont su mettre en place des mesures de protection pour éviter la propagation du virus dans notre établissement. On a ainsi pu, dans les services, juguler la propagation de l’épidémie dans un temps et un espace contraint.
Le fait d’avoir traversé et surmonté ensemble cette épreuve a également contribué à souder davantage les équipes.
Dans le futur, j’espère que l’esprit d’équipe et l’écoute partagée, initiés durant cette crise avec les établissements hospitaliers aussi bien du secteur public que privé, perdureront pour pouvoir travailler sur d’autres projets, d’autres problématiques sur le territoire. Nous avons tous la même vocation qui est de servir les autres.
Par ailleurs, cette pandémie, nous a rappelé qu’en appliquant les règles basiques d’hygiène, on pouvait limiter la propagation des maladies : grippe, gastro, bronchiolite… A l’avenir, il serait bon de garder ces gestes simples, de se laver les mains régulièrement.