Voué à une carrière toute tracée dans l’industrie, ce père de 3 enfants dont l’aîné Alexandre est porteur d’Autisme sévère, a fait en 2020 un virage à 180° dans sa carrière professionnelle pour créer autour des métiers de la gastronomie les conditions d’emploi des jeunes porteurs d’autisme et de handicap mental.
Soutenu par le fonds de dotation Abilitis (ex, Fonds Handicap & Société), Olivier Tran, nous révèle les ingrédients d'une inclusion réussie : une touche d’audace, une pincée de créativité, et surtout une bonne dose de bienveillance.
Qu’est - ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure ?
Il y a 4 ans, j’étais dans l’aluminium pour fabriquer des avions, des bateaux, des camions, donc rien à voir avec la cuisine ! D’ailleurs, je ne sais pas cuisiner !
Mais j’ai la conviction que la cuisine est un domaine universel et plus particulièrement la gastronomie ! C’est un besoin quotidien mais en plus en France on aime manger ! La gastronomie fait partie de notre patrimoine.
Alors quand mon fils Alexandre a quitté l’école sans pouvoir rejoindre de structure médico-sociale faute de places et de perspective d’emploi, j’ai lancé en 2020, le projet Afuté qui vise à apprendre un métier avec des tâches élémentaires pour des jeunes porteurs de handicap cognitif et mental, âgés de 14 à 30 ans.
Afuté signifie Association pour la Formation Universelle aux Tâches Élémentaires.
Aujourd’hui, ce sont près de 300 jeunes qui ont été formés. 4 ans après, quand je vois le chemin parcouru, je suis fier d’avoir surmonté mon anxiété naturelle face à ce challenge !
La pédagogie d’Afuté s’appuie sur des fiches illustrées. En quoi consistent-t-elles ?
Avec Afuté, on a développé une méthode d’apprentissage universelle qu’on a baptisée les FUTÉ : des fiches universelles de tâches élémentaires.
Conçues pour être intelligibles par tous, elles décrivent étape par étape, à l’aide de dessins simples, les séquences nécessaires pour accomplir des tâches spécifiques. Elles permettent aux personnes formées de comprendre et de réaliser ces tâches sans besoin de savoir lire, écrire ou parler.
Par exemple, pour le métier de commis de cuisine, on a des fiches illustrées avec le plan de travail, les différents ustensiles, les différents ingrédients. Ensuite avec des dessins on zoome sur les différentes actions successives, les gestes pour réaliser une tâche.
Élaborées avec les entreprises partenaires, les FUTÉ s'inscrivent dans le monde réel du travail, au plus près des métiers concernés.
Cette méthodologie s’adapte très bien au domaines comme la restauration mais elle peut aussi s’appliquer dans l’hôtellerie, le nettoyage.
En fait dans toute tâche élémentaire qui a un chaînage de gestes qui permet de réaliser la tâche.
A travers Afuté, Biscornu, cHaméléons, quel est le message que vous souhaitez passer ?
Je porte un projet d’inclusion sur la capacité de travail des personnes handicapées, de nos enfants différents. Ils sont légitimes et ils ont une juste place dans notre société si jamais on leur en donne les moyens.
Nos jeunes ont du talent, à nous de construire une société dans laquelle ils auront l’opportunité de le montrer. C’est le message à faire passer ! Et pour y parvenir, il faut casser les préjugés sur la différence et vaincre la peur de la différence. On le fait notamment avec Biscornu qui est un traiteur évènementiel, Biscornu dont le nom même est l’emblème et la symbolique de la différence. On veut démontrer que nos « enfants « biscornus » comme des fruits et légumes biscornus peuvent avoir légitimement une voie de valorisation si on la crée ensemble !
Et pour passer ce message d’inclusion, quoi de plus fédérateur que la gastronomie !
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